dimanche 27 décembre 2009

Interview de Bernard Kouchner sur RFI: des commentaires censurés?

Samedi 26/12/2009, j'ai posté sur le site de RFI mon point de vue et commentaire à l'intervention du Ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, en date du 23/12/2009 .

24 heures plus tard, mon commentaire n'a pas été encore publié; certes il y a le week-end et que probablement leur service de Modération ne fonctionne pas le samedi ni le dimanche.

Ainsi, je vous fais une copier-coller ici, à vous de juger s'il mérite une censure.

J'en profite pour vous souhaiter à tous (même à ceux qui ne partagent pas mon point de vue) une meilleure nouvelle année que celle qui se termine actuellement bien que pour les Malagasy le pire n'est pas à exclure.

Le voici alors cet objet de délit (à quelques tournures près):

Des élections, OUI mais pas celles organisées unilatéralement par les putschistes

Triste évolution d'un Bernard Kouchner: jadis défenseur des faibles au Biafra et pourfendeur des dictateurs et maintenant secouriste de Putschistes tels que Rajoelina et Daddis Camara (certes avec un peu plus de finesse diplomatique avec ce dernier).

Les enjeux économiques pour la France sont énormes à Madagascar ainsi notre cher Bernard avale sa "mèche bien brossée" avec la gloutonnerie de celui qui est satisfait d'être arrivé quelque part: Ministre des Affaires étrangères de la République française. (d'aucuns diront "parvenu").  

Et pourtant en matière d'élection, Marc Ravalomanana (le Président de la République élu et déchu de Madagascar), en pleine crise au mois de mars 2009, proposait un référendum pour que les Malagasy tranchèrent: Andry Rajoelina (le putchiste qui s'est accaparé du pouvoir plus tard) le réfusa et Bernard Kouchner ne pipa mot. Pourquoi?  

Alors après 10 mois de fausses négociations avec les autres forces politiques, au frais des contribuables européens et africains à Maputo et Addis-Abbeba, Rajoelina (celui par lequel le coup d'état est arrivé) propose finalement une élection mais juste pour la députation et ce sans rien annoncer sur son intention ni le rôle qu'il tient à avoir pour la suite.

Alors, devrait-on l'applaudir pour cela comme Bernard Kouchner le faisait?  

L'applaudir, NON mais il faut LE POUSSER à aller au-delà de cette élection législative sinon il n'y aura jamais de paix ni d'acceptation d'un pouvoir quel qu'il soit à Madagascar.
Les 3 étapes majeurs sont pourtant connues même si tout le monde tourne autour:
  1. la mise en place d'un vrai Gouvernement de consensus, limité dans le temps, devant être composé de techniciens et de personnalités choisies pour leurs compétences et qui doivent par contre s'engager à ne pas se présenter à ces futures élections. A Maputo, Monsieur Mangalaza a été déjà choisi par les 4 mouvances politiques, dont celle de Andry Rajoelina, comme devant être le PM de consensus pour diriger ce gouvernement; à la Communauté internationale maintenant de peser de tout leur poids pour que ce Gouvernement de consensus ait lieu dans les plus brefs délai.
  2. la programmation et l'organisation de 2 élections en 2010: Présidentielle et Législative. Des voix s'élèvent en disant que Madagascar a encore un Président élu et une Assemblée Nationale composée aussi d'élus. Certes mais Il faut se rendre à l'évidence que le Coup d'état est passé par là et que la seule solution viable à long terme est de revenir à une situation la plus légale possible avec des institutions d'élus, y compris pour la Présidence de la République.
  3. le retrait de ce Gouvernement de consensus de toutes les personnalités politiques ayant des visées électives (aussi bien pour la députation que pour l'élection présidentielle). Marc Ravalomanana, Zafy Albert, Didier Ratsiraka, Monja Roindefo et Pierrot Rajaonarivelo ne participent à des instances de gestion du pays actuellement, de gré ou de force, il reste donc à Andry Rajoelina de se retirer de ce siège de PT ou de PHAT qu'il s'est confectionné s'il veut prétendre à une charge élective à l'avenir.
La Voix de La France est écoutée par Andry Rajoelina (et sans vouloir être cynique pour dire crainte par la personne), le poids économique de la France à Madagascar lui permet d'influer dans le sens de ses intérêts mais il est affligeant de constater qu'elle ait agi jusqu'à maintenant uniquement par intérêt à court terme en adoubant systématiquement les actes d'une personne inconsistante (un vrai flip-flop) qu'est Andry Rajoelina.

Alors si Bernard Kouchner veut retrouver un peu de son aura d'antan et ne pas jouer juste le Porte parole de la Cellule africaine de l'Elysée, il est temps qu'il prenne la mesure de l'importance de son rôle et d'oeuvrer dans un processus qui garantit à long terme les intérêts économiques et géo-stratégiques français à Madagascar.

Oui, je ne parle pas de sauver le peuple Malagasy car en diplomatie, il n'y a que les intérêts économiques bien compris qui comptent.

Solofo

8 commentaires:

  1. Tiens t'es de retour, moi j'ai préféré ne pas commenter, car je l'aurais traité de tous les noms. J'ai respecté RFI dans le passé, et j'aime toujours ses émissions, mais son actualité est très partiale, et cela fait des mois que je ne l'écoute plus.

    Quand au commentaire, il mérite la première place :)

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  2. De retour? non pas trop. C'est désolant car j'ai l'impression que la raison n'existe plus parmi nous. Mais il est de temps en temps important de soulever les inconsistances de ceux qui prétendent nous gouverner, un peu partout dans le monde. Le cas personnel de Bernard Kouchner est affligeant: comment peut on devenir comme cela? après avoir passé plus de 30 ans de sa vie à défendre des causes louables.

    Back to RFI quand même: la station m'a écrit ceci 48 heures après :

    Bonjour,

    Nous ne censurons pas. Votre commentaire vient d’être publié. Nous nous réservons en revanche de refuser les commentaires diffamatoires, insultants, vulgaires ou violents.

    Cordialement,

    rfi Radio France Internationale

    .... et pourtant je ne leur ai pas écrit directement autrement que par mes appels sur Twitter.

    Comme quoi !

    Bon courage à tous et essayez de passer une bonne fête de fin d'année néanmoins.

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  3. Welcome back Solofo !

    Incroyable ton histoire ! pfff je ne vois aucun "caractère diffamatoire, insultant ou violent bla bla"...c'est argumenté et surtout courtois.

    On va dire que la femme de Bernard est intervenue.


    Bonne fin d'année.

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  4. Pour ma part, et ce depuis bien avant le début de la crise, j'étais favorable à des élections législatives qui présideraient les présidentielles.

    Cela favorise le débat sur les idées et les programmes, et oblige les opportunistes beni oui oui à se positionner clairement, plutôt que de continuer dans leurs habitudes de suivre l'homme fort du moment.

    La proposition de Ravalomanana en Mars dernier allait dans le sens complètement opposé, car c'était un plébiscite à la Napoleon III.

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  5. @Bary

    Si on part du principe que mieux vaut des élections aux changements anti-constitutionnels, mon clin d'oeil était pour la Diplomatie française et donc Bernard Kouchner qui ne trouvait pas la proposition de Référendum de Ravalomanana de Mars 2009 excellente.

    Aujourd'hui, B. Kouchner trouve l'idéee de Rajoelina plus que acceptable.

    Pour moi, il faut les 2: législative ET Présidentielle; oui la législative doit être effectuée avant; nous sommes d'accord sur le timing.

    Mais pour éviter toute contestation sérieuse, l'administration qui va les organiser ne peut être partisane (disons d'un seul parti), d'où mes 3 points sur la recherche maximale de neutralité pour le gouvernement de Transition.

    Et toi, trouves tu durablement efficace une seule élection législative qui va faire sortir du lot un nouveau Premier Ministre, qui sera cette fois-ci légitime et légal, mais qui doit "reporter" à une personne, Andry Rajoelina, qui n'aura à ce moment aucune légitimité: pas nommé ni élu.

    Avoue que ce sera cocasse !

    Solofo

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  6. Dans la mesure où l'Assemblée élue sera une assemblée constituante, elle aura tout loisir pour rédiger à sa guise les dispositions transitoires de ladite Constitution.

    Donc elle pourra si elle le veut réduire la place de TGV à un micro-strapontin. Elle pourra aussi fixer une date très rapprochée pour les élections présidentielles.

    Tout cela est jouable si des organisations lucides surveillent de près le processus. Le pire serait qu'il n'y ait que la Francophonie qui soit sur le terrain...

    Ça fait quand même un an que tout cela dure, tout le monde sait que la seule sortie de crise valable passera par des élections, et visiblement les malgaches de la diaspora ne se préparent pas du tout à s'impliquer dans la surveillance des élections et se contentent de se défouler sur les forums... Avoue que cela aussi est cocasse !

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  7. La cocasserie est partout et y sera pour longtemps.

    Si le bon sens veut qu'on rentre dans un processus d'élections, autant faire dès le début de mettre en place toutes les dispositions qui évitent des situations de blocage, sources de conflit ou au mieux de contestations sans fin.

    On peut et on doit observer, contrôler les élections mais il faut surtout qu'elles soient organisées par une administration la moins "teintée" possible d'où l'idée d'un gouvernement de transition mixte / de consensus / multi-partites, appelez le comme vous le voulez.

    Sans cela, les résultats seront contestés et on repartira comme en 14.

    Enfin, cette idée d'avoir une personnalité illégitime (non élue) devant ou au-dessus d'une Assemblée Constituante d'élus (donc des vrais légitimes) posera des problèmes à la minute même où les résultats seront promulgués et validés. D'où la cocasserie évoquée précédemment.

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